Vendredi 13 juin à l’Usine de Genève

Le Heavy Psych Sounds Festival est depuis plus de dix ans un incontournable quand on aime la musique Psychédélique, le Doom et le Stoner.
Il y a un petit moment que je jette un œil sur la programmation du fest de cette légendaire maison de disques italienne qu’est Heavy Psych Sounds Records. Ce festival se déroulant, hélas, trop loin de chez moi, je n’ai jamais pu m’y rendre. Aussi, quelle n’a pas été ma surprise lorsque je me suis aperçu que, cette année, il se faisait aussi chez nos voisins Helvètes, à Genève – à l’Usine précisément, et qu’en plus, il s’étendait sur deux jours.
Report By SEB 747 – Photos : STEVE*74
Pour une fois que ce fest se fait à deux pas (à vol d’oiseau) de chez moi, je ne vais pas me priver ! Cerise sur le gâteau, de grands noms sont à l’affiche, à l’instar d’ACID MAMMOTH ou de BRANT BJÖRK TRIO.
C’est accompagné une fois de plus de mon copain Steve*74 que je pars en direction de l’Usine de Genève, un endroit que nous connaissons bien, ayant fait de nombreux concerts là-bas. Je dois pourtant avouer que ça fait très longtemps que nous n’y sommes pas retournés. Annoncé pour 18h avec un début à 18h30, le festival ne commence pas trop tôt, ce qui m’arrange bien parce qu’il y en a qui bossent, quand même ! Ca nous permet d’arriver à l’heure… enfin à l’heure… sans compter les perturbations à l’entrée de Genève et nous garer ailleurs que dans les parkings (hors de portée pour nos bourses), ce qui se révèle la croix et la bannière.
Malgré tout, nous arrivons à l’heure et, une fois les accréditations récupérées, nous entrons dans l’Usine. Ce soir, ce ne sont pas loin de six groupes qui vont enchaîner les uns derrière les autres. La soirée s’annonce longue et lourde aussi car il fait une chaleur d’enfer à l’intérieur de la salle comme à l’extérieur. On va se sentir tout légers à la fin de la soirée, nous ! Bref, passons et parlons musique.

Le premier groupe à passer est LITANIA, un groupe de Doom / Psyché hindoustan (région du Nord de l’Inde) originaire d’Italie et de Serbie, formé l’an passé. Son son est basé sur des drones, des riffs Doom lourds, et s’inspire des chants et jeux hindoustanis anciens. Il est composé de ELISA DE MUNARI au chant, de MARCO DEGLI ESPOSTI à la guitare, d’ENRICO BARALDI à la basse et enfin de VLAD MARKOSKI à la batterie.
C’est avec à peine 5 minutes de retard sur l’heure annoncée que le groupe entame son set. D’entrée, je trouve que c’est très psychédélique. ELISA a une belle voix et j’aime bien le style. La musique est très originale, avec des instruments qu’on n’a pas l’habitude de voir tels qu’un Sitar, un Dilruba, et un Harmonium. Musicalement, c’est très lourd et pesant. Certains titres sont cool, même si parfois un peu longs. Mais bon, c’est tout de même un groupe de Doom Psyché et c’est plus ou moins ce que l’on attend de ce style.




Petit problème, il y a une lumière rouge et beaucoup de fumée qui reste tout le long de leur show. Je suis content de ne pas avoir de photos à faire, moi ! En revanche, je plains mon copain Steve qui, lui, galère comme pas possible.
Les musiciens sont très doués mais malheureusement ils manquent de communication avec le public, ce qui est bien dommage et m’empêche un peu de les apprécier comme il se doit. Je préfère écouter de loin en allant m’asseoir sur un tabouret à côté des stands de merch’, et effectivement, j’aime bien. Un peu trop perché mais sympathique au demeurant.
Pendant que le groupe suivant installe son matériel, je surprends une conversation entre les membres de GIÖBIA et d’ACID MAMMOTH qui attendent leur tour.

Il est 19h45 lorsque ANANDA MIDA démarre après des balances qui m’ont semblées interminables. Le groupe est composé de DAVIDE BRESSAN à la basse, d’ALEX TEDESCO à la guitare, de MAX EAR à la batterie et de CONNY OCHS aux vocaux. Ayant déjà jeté une oreille sur ce qu’ils font, j’ai un peu d’appréhension. J’aime bien mais on ne peut pas dire que je sois hyper fan. Je trouve ça un peu trop Psyché typique de la fin des 60’s et du début des 70’s. Le groupe est originaire d’Italie et il est actif depuis 2016.
Dès les deux premiers titres, je suis agréablement surpris. ANANDA MIDA donne déjà tout ce qu’il a. Alors que je m’attendais à un truc très perché, je me rends compte que ce n’est absolument pas le cas. CONNY OCHS, penché sur son micro est un chanteur très expressif. Alors que sur disque, je suis un peu dubitatif, en live c’est tout autre chose. Avec sa guitare Flying V, ALEX impressionne en headbanguant et en bougeant dans tous les sens. DAVIDE avec sa basse à 4 cordes – pas la peine d’en mettre plus – et sa barbe qui concurrence celle de mon ami Steve, fait groover l’Usine sous les frappes de MAX (ex-MONDO GENERATOR et NEBULA, excusez du peu), le créateur du groupe.







Personnellement j’aime bien. Les deux premiers morceaux dépotent grave et même le troisième titre, beaucoup plus lent que les deux premiers, est très intense. Il est un peu long et très instrumental et laisse la place au guitariste qui démontre tout son talent. Il reçoit même les applaudissements des spectateurs. Dès le morceau suivant, on repart dans un côté Rock n’Roll que j’apprécie. C’est toujours très bon et CONNY est toujours aussi habité.
Sur les morceaux suivants, l’intensité baisse d’un ton et je deviens moins fan, trouvant un côté plus perché qui me dérange un peu.
Il est 20h21 lorsque le groupe finit son set en remerciant le public et la sono. Belle surprise qui commence tout doucement à ambiancer la soirée.

18 minutes plus tard, c’est l’heure de LOVE GANG venu tout droit de Denver, Colorado. Ils étaient déjà passés à La Clusaz, mais je n’avais pas réussi à prendre le coche. Je suis donc content de les voir ce soir et c’est l’un des groupes que je ne veux pas rater.
LOVE GANG est composé de KAM WENTWORTH à la guitare et au chant, de LEO MUNOZ, l’organiste, de GRADY O’DONNELL à la basse et du tout nouveau venu XAVIER CRUZ (alias JAVI DOG) à la batterie. Ce dernier est arrivé dans le groupe depuis le début de l’année, en remplacement de SHAUN GOODWIN qui a quitté le navire.




LEO et son Korg sont sur la même ligne que GRADY et KAM, tous deux étant sous Gibson, il me semble. Il ne manque plus que JAVI qui est forcément derrière. La première impression qui me vient à l’esprit, c’est qu’on a affaire à un MOTORHEAD sous acides. Un HAWKWIND en quelque sorte. C’est absolument démentiel ! A peine le set débuté, que je suis déjà conquis. La communication avec le public est relative et se contente de quelques remerciements par ci, par là.
Le public, qui commence à bien remplir l’Usine, s’est rapproché par rapport à tout à l’heure et cela se voit. LOVE GANG le ressent et envoie encore plus d’énergie. Les titres qui défilent sont absolument géniaux « Break Free », « Bad News » et son côté Punk dans le refrain, ou encore « Headed Down to Mexico » qui nous emmène au Mexique ou même « Fly Away » qui nous emporte encore plus loin. Personnellement, j’adore ! Je ne suis pas le seul puisque j’aperçois à côté de moi, le chanteur d’ACID MAMMOTH qui assiste à plusieurs morceaux.





LEO, qui n’hésite pas à enlever le Korg de son pied pour accompagner les solos de folie de KAM et ses plaintes lascives, sous les vrombissements de GRADY et les frappes de malade de JAVI, nous joue aussi de l’harmonica. C’est une pure tuerie, et le public genevois ne s’y trompe pas en faisant une ovation lorsque KAM se rend au bord de la scène.
Une petite heure et demie après le début, c’est sur un « MeanStreak » de folie que le groupe finit son set. Quoi, c’est déjà fini ? C’est qu’on en aurait bien pris une dose de plus, nous, mais bon, il y a d’autres groupes qui vont jouer. J’en profite pour demander la setlist, écrite sur un bout de carton, à LEO qui me la donne gentiment et je retourne m’asseoir sur un tabouret à côté du stand de merch’.





Il est 21h48 lorsque GIÖBIA monte sur scène. Je les ai déjà vus l’an passé au Namass Pamouss Festival et je n’avais pas trop accroché. Bon, il était deux heures du matin, il pleuvait à mort et il faisait froid. Tout pour apprécier un groupe.
Ce soir, il est beaucoup plus tôt, il fait beaucoup, mais alors beaucoup, plus chaud, alors j’écoute avec attention. Bon, j’ai beau faire un effort, je n’accroche toujours pas. Attention, ne vous méprenez pas, ce sont d’excellents musiciens mais ce n’est pas pour moi. C’est beaucoup trop Psyché. En tout cas le public, lui, est à fond derrière le groupe et le soutient bien. Ils sont gentils nos copains suisses !
Retour sur mon siège. Comme il fait toujours une chaleur infernale, j’en profite pour me faire de l’air avec la setlist de LOVE GANG, sous les regards amusés de LEO et GRADY qui s’amusent avec les deux mascottes de mammouth d’ACID MAMMOTH.

21h43, c’est le début des balances d’ACID MAMMOTH, l’un des groupes que je veux voir ce soir. Il va nous falloir attendre encore douze minutes avant que le groupe grec, actif depuis 2015, ne commence son set.
Cette fois, les lumières ne sont pas bleues ou rouges, mais carrément vertes ! Chouette, il ne manque plus que le jaune et on est bon dans les couleurs primaires ! Assez plaisanté et laissons place à la musique.
S’il y a un groupe qui m’a séduit par sa musique sur disque, c’est bien ACID MAMMOTH. Une voix à la OZZY OSBOURNE sur une musique méga pesante… Que demander de plus ? Composé de CHRIS BABALIS Jr, le frontman à la guitare SG Gothic, de DIMOSTHENIS VARIKOS, son pote et cofondateur à la basse, d’un certain NICK en remplacement de MARIOS LOUVARIS derrière les fûts et de CHRIS BABALIS Sr (le papa) à la guitare, ACID MAMOTH monte sur scène, bien décidé à assommer le public genevois.





Et cela se ressent dès “Supersonic Megafauna Collision” où les guitares sonnent comme des coups de massue et où les riffs s’allongent et s’étirent à l’infini. Nous voilà partis pour une cavalcade pachydermique… à dos de mammouth, évidemment. La musique lourde, hantée, est phénoménale. CHRIS Jr et MARIOS headbanguent à tout va pendant que CHRIS Sr, appliqué comme il se doit, fait traîner les sons de sa guitare.
Je reconnais certains morceaux tels que “Tree of Woe” ou “Jack the Riffer” et, tout comme le public attentif, je me laisse embarquer dans l’univers sonore de ces hommes des cavernes et de leur mammouth sous acide (pauvre bête). NICK est un fou furieux. J’ai rarement vu un batteur frapper aussi fort et martyriser ainsi ses fûts. J’ai une petite pensée pour l’instrument.




C’est étrange, parce que plus les morceaux défilent et moins l’impression d’entendre le Madman se fait ressentir. Le groupe communique très peu, une fois de plus, avec le public. J’aurais aimé crier “OZZY, sors de ce corps !” mais bon, ce sera pour une prochaine fois.
Il est 23h38 et c’est la fin. C’est dingue, je n’ai pas vu le temps passer. Je retourne vers le stand de merch’ où je discute avec LEO et GRADY de LOVE GANG et j’en profite pour leur faire signer la setlist qui me sert d’éventail depuis tout à l’heure. JAVI arrive un peu plus tard, cependant, lui, au lieu de signer ma setlist, se fait de l’air avec. Euh… c’est pas pour ça que je te l’ai donnée ! Heureusement pour moi, LEO et GRADY lui demandent de la signer au lieu de s’en servir d’éventail. Tout le monde se marre. Je rencontre aussi KAM, qui me demande si je suis de Genève. Lorsque je lui dis que je suis français et que j’habite à une heure de là, il m’annonce qu’ils seront au Brin de Zinc de Barberaz à la fin du mois. Malheureusement, je serai au Namass Pamouss à ce moment-là. On se verra une prochaine fois.

Bon, il ne faut pas trop traîner parce que le BRANT BJÖRK TRIO commence ses balances. Si je veux avoir de la place devant, il faut que j’accélère. Cela fait 5 bonnes minutes que l’heure du crime – minuit pour les intimes – vient de passer. C’est le moment où le groupe tant désiré ce soir entame son set.
BBT c’est MARIO LALLI (YAWNING MAN, FATSO JETSON, DESERT SESSIONS) à la basse, une institution du Desert Rock, MIKE AMSTER à la batterie (ex membre de NEBULA et de MONDO GENERATOR), et BRANT BJÖRK, ancien batteur du légendaire KYUSS, qui officie ici au chant et à la guitare.
Le nombre de spectateurs devant la scène a considérablement augmenté. Le musicien est attendu et cela se voit. Ce soir, le BRANT BJÖRK TRIO est venu nous présenter son album “Once Upon a Time in the Desert” sorti l’an passé (mais pas avec le même batteur). BRANT, lunettes de soleil fumées sur les yeux, chemise kaki aux manches retroussées (j’ai déjà dit qu’il faisait une chaleur infernale ?), jean noir, en sandales avec un bandeau dans les cheveux, fait très hippie. MARIO est plus sobre, arborant une casquette à l’envers, lunettes fumées en jean baskets. MIKE est, lui, en t-shirt sans manches laissant apparaître ses gros bras tatoués et musclés.







Et c’est parti pour un peu plus d’une heure trente de Fuzz bien grasse qui nous emmène dans les lointaines contrées désertiques. Lourde, entraînante, parfois Blues, la musique que ce groupe crée ensemble est un véritable Desert Rock n’Roll organique, voire même orgastique. Il exprime les principes de ces styles créés dans le désert du sud de la Californie que seuls ces originaux du désert peuvent offrir. La musique coule si facilement que l’ambiance dans l’Usine est celle d’une jam session privée à laquelle nous sommes tous invités.
Le trio est très soudé. BRANT est très spleen, il ne parle pas et enchaîne titres sur titres, laissant libre cours à sa musique. Il va falloir attendre trois quarts d’heure avant qu’il ne nous adresse un petit merci bien timide. Les riffs de gratte sont percutants et vous remontent le long de l’échine. Tout le monde hoche la tête en cadence comme les bouledogues miniatures qu’on plaçait quand j’étais petit sur la plage arrière des bagnoles. Enfin bref, un petit moment magique.

MIKE frappe fort et sec, et lui aussi martyrise ses fûts. Ils ont dû se donner le mot entre batteurs. Comme le BRANT BJÖRK TRIO laisse parler sa musique, il m’est difficile de reconnaître les morceaux, même si j’ai l’impression qu’ils jouent beaucoup de titres de “Once Upon a Time in the Desert”. Plus le set avance et plus je suis impressionné par le jeu de MARIO qui joue sans pics, tout aux doigts. En fait, il n’y a que son index qui pince les cordes, le reste de ses doigts fait du tapping. C’est la première fois que j’observe ce genre de jeu.
Après 1h20 d’un show intense, limite intimiste, et après avoir eu l’impression de sillonner le désert californien en bougeant nos têtes en cadence sur des riffs de Stoner, c’est la fin du set et de ce premier jour de festival. Pour nous, il est l’heure de rebrousser chemin. Mais demain, on revient !
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