BOB WAYNE au Brin de Zinc

Ce soir, je vais changer un peu mon fusil d’épaule et je vais voir un concert dans un style qui n’a jamais été, je crois, chroniqué dans ces pages : un concert de pur Country mais teintée quand même de Folk, de Soul et de Punk.

En effet, ce soir, c’est BOB WAYNE qui se produit au Brin de Zinc et c’est sa seule date (de l’automne) en France.

La salle est encore en train de se remplir quand MUNLY J. MUNLY prend place, seul avec son étrange autoharpe. Originaire du Colorado, il déploie un univers sombre, presque gothique, où la Country se teinte de noirceur.

Sa voix, parfois multipliée par des boucles, crée une atmosphère hypnotique.

Entre chaque morceau, un poupon posé sur scène prend la parole et c’est une voix off inquiétante qui annonce les titres et conclut par un glaçant « Thank you and good Night ». Une heure de set qui plonge le public dans une ambiance étrange, presque cérémonielle, où les silences sont aussi lourds que les notes. Fin de set.

Quand les lumières s’éteignent à nouveau, après une courte passation de plateau, une trentaine de spectateurs se rapprochent de la scène, impatients. BOB WAYNE entre en scène avec son groupe. Et là, on se rend compte qu’il y en a qui sont vraiment venus pour lui et pas hasard. Il lance immédiatement le train de la soirée : un « tchou tchou » imitant une locomotive à vapeur, suivi d’un sermon contre la drogue qui introduit « Don’t Get on the Dope Train ». Il y a rapidement une communion qui s’installe entre le groupe et les spectateurs et je sens d’entrée de jeu qu’on va vivre un moment unique.

Né dans l’État de Washington, BOB a longtemps vécu sur la route avant de s’installer à Nashville. Il se produit avec une formation tournante appelée THE OUTLAW CARNIES, qui incarne l’esprit nomade et rebelle de sa musique. Le groupe est composé de BOB WAYNE (of course !) à la guitare électro-acoustique et au chant, d’ALESSANDRO FAVERO à la guitare, d’ADAM HIGGINS à la contrebasse et de SANDRO PITTARI à la batterie.

Je suis étonné par la voix de BOB, qui n’est pas sans me faire penser de manière prononcée à celle d’un certain JOHNNY CASH. Chaque morceau est une histoire, chaque riff une invitation à prendre la route. L’ambiance est chaleureuse et conviviale. Il y a quelques couples dans la salle ce soir, et je vois que ce sont surtout les nanas qui sont aux taquets.

Ils attaquent « Everything is Legal in Alabama » suivi de « Truck Driver Mac » avec un groove de contrebasse qui fait vibrer la salle, et de « My Cowboy Hat ain’t Clean » où BOB nous raconte Nashville et les racines de l’enregistrement de leurs disques. Il faut dire que BOB WAYNE a déjà sorti pas moins de 8 albums – dont un de reprises – où se percutent son univers de camionneur (ses chansons parlent souvent de voyages en camion), celui de sa liberté sur la route et celui du magnifique conteur qu’il est.

Vient ensuite « Alcoholic / Truck Alcoholic » dont le public reprend les refrains en chœur. Puis, BOB nous explique qu’il a quitté sa nana et qu’avant de partir elle lui a coupé les freins de son camion. Ils enchaînent avec « She cuts Breakline on my Truck ». 

« Trucking for Jesus » est, lui, un hymne Country Rock porté par la voix puissante de BOB. C’est très sympa. Il aborde des thèmes comme l’alcool, la drogue ou la mort qui ne sont pas forcément des thèmes marrants avec une bonne dose d’ironie et de dérision.

CANDACE WOLFSLAYER, la copine de BOB (qui était au merch’) monte sur scène et chante « Psycho Trucker », un morceau qu’ils nous expliquent avoir enregistré dans leur salon. Sur ce morceau, CANDACE est accompagnée du batteur qui la rejoint au chant.

Après un « Space Trucker » à l’énergie débridée, BOB nous demande « Any request ? ». Des réponses fusent mais il ne s’en occupe pas et il nous dit : « On va faire une chanson avec un peu de français : « Nique la loi ! » ». Et c’est « Fuck the Law » qui envahit nos oreilles. Le public se fait un plaisir de chanter – voir de hurler – les paroles du refrain en français. Moment de communion totale.

On passe ensuite sur une partie plus sombre de la discographie de BOB WAYNE avec un « Ghost Town », une ballade « hantée » et « There ain’t no Diesel Trucks in Heaven » où l’humour noir le dispute aux riffs bien Country, avant de revenir à quelque chose de plus joyeux avec « 20 Miles to Juarez », un voyage du côté de la frontière mexicaine.

Et c’est déjà la fin du set. BOB nous dit que quand il sera mort, il faudra acheter son chapeau, sa guitare et tout le bastringue et il termine avec le poignant « Spread my Ashes on the Highway ». Sur ce morceau, il descend dans le public et entame une danse de Country en ligne, son chapeau de cowboy vissé sur la tête.

Vous pensez que c’est fini ? Eh bien non, on est au Brin de Zinc, voyons ! Ici, tout le monde en redemande et, même si BOB avait prévu un show plus court, les gens le rappellent à chaque fois et c’est à pas moins de 4 ou 5 rappels que nous allons avoir droit ! Après 1h40 de set, quelle générosité avec son public ! Quelle ambiance !

En conclusion, je dirais que c’était vraiment une bonne soirée, une soirée où la Country Outlaw brute et sincère de BOB WAYNE a résonné comme si on était mille. Il nous a emmenés très loin dans son voyage. Merci Monsieur.

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