Allez, la reprise des concerts comme chaque année se passe en Suisse, juste à côté de la frontière et pas loin de Genève.Le vendredi, il y a le choix : l’Octopode Festival et sa soirée metal ou le Festiverbant. J’ai tellement hésité, moi, que j’ai réussi l’exploit de n’aller ni à l’un ni à l’autre ! Mais là, ce samedi, c’est sans hésitation que je prends la direction du Festiverbant !!
Comme je sais y aller et où me garer, c’est simple d’arriver à l’heure, lol ! Bon, je suis en avance. Et devinez sur qui je tombe ? JOHNNY GALLAGHER qui vient faire son tour hors des backstages ! Petit papotage et premières photos du fest. Je le laisse quand même aller se préparer. Je continue ma balade et je constate que contrairement à l’an dernier, le disquaire est ouvert. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il n’a pas pris de CD. Que des rondelles qui grattent ! C’est ma carte bleue qui est contente !
Pas le temps de pleurer sur ma malchance que le premiergroupe attaque. Ce sont les genevois de SONIC CRASH qui s’y collent. C’est un trio musicalement dur à définir : un morceau bien pop pour commencer, un morceau bien blues après, d’autres rock – voire lorgnant sur le hard-rock…
C’est bien fait mais ça sent la recherche de leur identité musicale propre. Hey, j’ai une idée ! Ils peuvent chercher dans le dos du chanteur, il y a un beau patch CINDERELLA !
Comme d’hab’, le son est bon et la scène est grande. Les gens arrivent petit à petit. Il fait très chaud et il faut s’hydrater. Comme d’hab’ aussi, l’attente entre les groupes est réglée comme un coucou (suisse of course !) à trente minutes. Et trente minutes après, c’est au tour de nos copains et copine de BACK ROADS de monter sur scène.
BACK ROADS
Je suis impatient de les revoir. En effet, je ne les ai pas vus en live depuis la sortie de leur nouvel album et j’ai hâte de les entendre jouer leurs nouveaux titres…
Je vous le dis d’entrée, je ne vais pas être déçu ! Ils attaquent par deux nouveaux titres et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’en live, ça dépote sévère ! En plus, le son est très bon. Le public qui commence à être présent en nombre apprécie et rentre directement dans le set.
Le set continue par le titre éponyme du groupe : « Back Roads ». Ouah, quelle entame ! Les BACK ROADS sont déchaînés, ça joue et ça bouge. SYLVAINE DESCHAMPS-GARCIA, la chanteuse, se lâche complètement, elle est dans les morceaux vocalement et physiquement. Elle ressent vraiment les morceaux ! FABRICE DUTOUR et l’ensemble des musiciens (FRANCK MORTREUX à la basse, CHRISTOPHE OLIVERES en seconde guitare et NICOLAS AMMOLLO à la batterie) ne sont pas en reste.
Il y a une vraie communion entre eux qui se propage dans le public. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fonctionne !
Le reste de la setlist est, bien-sûr, un mélange entre les titres des deux albums. Ils finissent sur un cover du ALLMAN BROTHERS BAND.
Re-ouah, quel putain de concert ils nous ont fait là ! Sur cette superbe scène, BACK ROADS a été vraiment grand ! Ils ont pris une nouvelle dimension et avec le nouvel album, ils se sont vraiment trouvés !! A voir et à revoir sans modération !! SYLVAINE a une vraie putain de voix et elle a trouvé son équilibre, c’est carrément trop bon !
Allez hop, hydratation car il fait mega chaud. Papotage avec les copains, copines. Seb 747 qui a débarqué au début du show partage mon engouement pour BACK ROADS. Et non, je ne l’ai pas menacé !!
JOHNNY GALLAGHER
Bon, une demi-heure, ça passe vite quand on s’amuse donc c’est l’heure… pour ma femme d’aller faire un tour, lol et pour JOHNNY GALLAGHER de monter sur scène. Et tout de suite, c’est la fête !! Voir JOHNNY sur scène, ce n’est que du bonheur et de la joie de vivre en barre. Ce colosse, béret sur la tête a une conception du blues bien à lui, son blues est… festif (si, si !!). C’est tantôt blues-rock, tantôt teinté de reggae, tantôt empreint de ballades irlandaises.
JOHNNY fait comme toujours participer le public – très nombreux maintenant. Il le fait chanter et danser. Bref, un concert de JOHNNY, c’est dur à raconter parce qu’en fait, ça se vit ! Et ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les différents fests de la région le mettent à l’affiche. Bon, c’est vrai, même lorsqu’il n’est pas sur l’affiche, il est aussi souvent là et se retrouve régulièrement à faire le beuf !!
Les musiciens de son groupe sont parfaits pour lui et lui permettent de s’exprimer au chant… mais bien sûr aussi avec sa guitare car JOHNNY GALLAGHER est un putain de gratteux, tout en feeling. Et ce soir, que ce soit sur ses propres morceaux ou sur des covers, il le prouve une nouvelle fois, et de quelle manière ! La preuve en est que même ma femme s’est rapprochée et a apprécié ! C’est vous dire s’il est fort !!!
Bon, même si le public en redemande, « House of the Rising Sun » sera le dernier morceau. Pas de rappel. Heu en même temps c’est normal vu qu’il remonte sur scène dans une demi-heure pour une jam en hommage à CHUCK BERRY ! Eh oui, il va enchaîner deux concerts !!
Mais pensez-vous que c’est pour ça qu’il va aller se reposer en loges ? Que nenni, on le retrouve quelques minutes après sur son stand merchandising en train de signer des disques et de faire des photos avec le sourire, sans oublier le petit mot gentil…
C’est la sécu qui vient le chercher pour remonter sur scène avec son groupe et des invités !! Et c’est reparti pour un tour. Frais comme un gardon, bien hydraté, JOHNNY nous revient avec un « Spirit of Chuck Berry ». Et, même s’il est très tard, le public est aux anges.
Bon, moi aussi, mais là il est vraiment très tard et donc je ne vais pas rester pour voir la jam avec FABRICE et SYLVAINE des BACK ROADS, sniff !!! Le son m’accompagne quand même jusqu’à la voiture et j’avoue que j’ai du mal à monter dedans. En tout cas, quel Monsieur ce JOHNNY !!!!
Quel fest ! Encore une fois, une superbe ambiance, une superbe programmation. Vive le Festiverbant et à l’année prochaine… avec le même temps !
Cela faisait plusieurs années que je voulais voir un jour EXTREME en concert. Et quelle ne fut pas ma surprise de voir que, non seulement ils allaient jouer à quelques vols d’oiseaux de chez moi, mais qu’en plus, il y avait le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND. J’ai découvert, le groupe en 1995 sur M6 qui diffusait, à l’époque, des clips de hard et de blues. Oui, oui, vous avez bien lu ! À cette époque, pas si lointaine, ou internet n’en était qu’à ses balbutiements, la télé française diffusait des vidéos de nos groupes préférés. Certes, il était tard, mais il suffisait de programmer à l’avance sur son magnétoscope et de visionner le lendemain pour découvrir les groupes.
Dès les premières notes de « Déjà Voodoo », je suis tombé des nues face à ce jeune virtuose canadien d’à peine 18 ans… à l’époque. Et depuis, je suis devenu fan, achetant tous ses albums. Je m’attendais à ne jamais le voir près de chez moi. Alors imaginez comment j’ai « kiffé ma race » lorsque j’ai découvert que j’avais la possibilité de les voir. Donc direction, pour la deuxième fois en trois jours, St-Julien en Genevois au Stade des Burgondes !
Comme j’ai attendu sagement une éclaircie, le temps étant un chouïa apocalyptique, je rate la prestation de STEVE AMBER, dernier gagnant du tremplin organisé dans le courant de l’année. D’après certains dire, je n’ai pas raté grand-chose.
Du coup, j’arrive pile poil au début du ALL McKAY’S ALL STARS. Ce groupe est annoncé comme EARTH WIND AND FIRE, seulement, à part ALL McKAY, le guitariste, qui se contente de jouer derrière, il n’y a personne du groupe d’origine. Ce groupe est d’ailleurs très controversé sous sa forme étant donné qu’un autre EARTH WIND AND FIRE tourne toujours avec plus de membres originels.
Musicalement, c’est super bien exécuté. Les musiciens sont hyper professionnels, et pour moi, je dirais même un peu trop. Il manque un peu d’âme. Du coup, j’apprécie de loin le groupe, regardant plus souvent l’écran géant que la scène. Les trois chanteurs ont des voix phénoménales et les chansons rappellent des souvenirs.
EXTREME
Mais le côté jazz funk étant trop présent, je profite encore une fois d’une accalmie pour aller me restaurer. Ti-Rickou serait enchanté des burgers qu’on trouve là-bas. D’ailleurs, cela me permettra de me rendre compte que, contrairement à ce que je pensais, c’est EXTREME qui joue avant KENNY. Cool, on sera à l’abri. Parce que, comme par hasard, la pluie recommence à tomber. En voilà une précaution intelligente ! Elle va permettre aux deux groupes suivants de pouvoir jouer après les intempéries – celles-ci étant prévues jusque tard dans la soirée.
C’est donc toujours sous le Chapiteau que ça se passe. Le public, pourtant constitué de fans, est loin de s’imaginer la claque qu’il s’apprête à recevoir. Et moi non plus ! Le set démarre sur les chapeaux de roues par « It’s a Monster », morceau de l‘album le plus connu du groupe, « Pornograffiti ». Les titres mélodiques dont regorgent cet opus sont rapidement mis en avant par le groupe. » Li’l Jack Horny », « Get the Funk Out », autant de hits qui réveillent des mélodies endormies dans vos mémoires depuis de nombreuses années.
GARY CHERONE, le chanteur, est en pleine forme. Lunettes noires vissée sur les yeux, écharpe au tour du cou, il court de partout. Il fait des poses pour les photographes, dont une pas piquée des hannetons où il nous montre son arrière-train en faisant un doigt d’honneur. Il amuse la galerie, et n’hésite pas à se frotter au public en tendant son pied de micro. Il fait mine de faire le grand écart sur la plateforme de la batterie qu’il arpentera souvent, histoire de faire ses étirements quotidiens, mdr. En tout cas, il a une énergie à revendre et ne fait pas du tout ses 55 printemps.
EXTREME
Le son est absolument titanesque. Les bostoniens sont aux taquets. NUNO BETTENCOURT n’a rien perdu de sa superbe. Il est absolument phénoménal ce soir. Ses riffs sont toujours aussi piquants et lui aussi ne cesse de bouger le long de la scène, secouant sa tête dans tous les sens.
Dans la foulée, voilà que débarque « Rest in Peace », tiré du mésestimé « III Sides to Every Story », suivi de très près par un titre de leur dernier opus studio « Saudade de Rock » sorti… il y a 9 ans déjà. « Kid Ego », de leur tout premier album fait un sacré effet en live. Ça pulse dans tous les sens. On s’éclate comme des bêtes ! GARY monte sur les retours de PAT BADGER, le bassiste, et fait un saut en écart. Il est devenu fou ! C’est un sacré frontman comme on n’en fait plus.
PAT est lui-aussi en pleine forme. Il n’hésite pas à prendre les chœurs et à se mettre en avant, courant des deux côtés de la scène bien en rythme, sous les frappes lourde de KEVIN FIGUEIREDO, le batteur, dans le groupe depuis 2007.
EXTREME
Avant d’attaquer « Play with Me », NUNO prend la parole : « Nous allons jouer un petit morceau, mais nous n’avons aucune idée de ce que c’est !». « Oui, c’est exactement ça. Qu’est-ce que cela pourrait bien être ? » rétorque GARY.
PAT les regarde, incrédule. Lui, doit bien savoir ce que c’est ! Puis les premières notes de « Happy Birthday » sont entamées par NUNO et Gary se charge de faire chanter la foule. Eh oui, ce sont les 50 ans de Pat qu’on souhaite ce soir ! Celui-ci est tout surpris et un peu gêné. Mais l’accolade que se donne les deux joueurs de cordes, ainsi que celle de GARY, en dit long sur leur amitié.
Les titres s’enchaînent sur les facéties de GARY et la bougeotte de NUNO. Un titre de « Waiting for the Punchline » et le point culminant du set est sur le point d’arriver.
Les guitares acoustiques sont de sorties pour l’inévitable et magnifique « More Than Words ». « Don’t be shy if you want to sing » nous dit GARY. Seul sur scène avec NUNO, il fait chanter le public à l’unisson. Je peux vous garantir que chanté par un chapiteau plein à craquer, ça donne des frissons !
Après cette superbe ballade, c’est « Cupid’s Dead », suivi de « Am I Ever Gonna Change », qui font résonner la scène couverte. Une grosse caisse, associée à une cymbale, sont mis sur le devant de la scène. KEVIN se place au milieu du plateau, entre ses camarades de jeu, pour qu’ils nous interprètent un « Take Us Alive » de toute beauté. S’ensuit « Hole Hearted » et un petit « Crazy Little Thing Called Love » de QUEEN.
EXTREME
Qu’est-ce que c’est bon ! Je prends mon pied comme jamais ! Assurément l’un des plus gros concerts auquel j’ai assisté cette année.
NUNO se retrouve seul sur scène pour nous interpréter son solo « Flight of the Wounded Bumblebee ».
Dès la fin de sa prestation, ses autres compagnons reviennent sur scène. C’est debout sur la plateforme de KEVIN que Gary entame l’excellent morceau « Decadence Dance ». PAT prend même le refrain en poussant gentiment son chanteur. Ils sont à fond et c’est géant. Ils s’amusent comme des petits fous. GARY va se mettre à genoux face à NUNO puis prend ses deux camarades de jeu dans les bras, afin qu’ils chantent en chœur. Impressionnant de ferveur et de qualité ! Le morceau se termine sous les applaudissements du chanteur. Puis, il redémarre. Ils ne veulent plus s’arrêter ! Les ultimes notes finissent de retentir sur un joli saut de cabri de GARY. C’est la fin du set.
Évidemment, EXTREME ne nous quitterait pas sans un petit rappel, et c’est avec « Warheads », titre de 1992 qu’aurait dû se finir le spectacle. Mais c’est sans compter sur NUNO et GARY qui entame un « We Are the Champions » des QUEEN. Ils se font un plaisir non feint de faire chanter le public de Guitare en Scène qui ne demandait que ça. C’est toujours aussi impressionnant quand tout le monde est à l’unisson. C’est tout un stade qui se met à chanter.
EXTREME
C’est déjà fini ? J’en aurais bien repris un peu moi. Bon, ils ont rallongé leur set d’une bonne demi-heure, mais tout de même ! Le groupe salue la foule mais d’un seul coup, voilà que EXTREME décide d’aller saluer ses fans de plus près. Ils se collent à la crash barrière, saluent et serrent toutes les mains. NUNO en premier, suivi de PAT et KEVIN. Et voilà que GARY marche sur la barrière, s’aidant des mains de ses fans pour garder son équilibre ! C’est tout bonnement incroyable. En ces temps de meet & greet, ça fait plaisir d’assister à ça. Le groupe n’en finit plus de serrer les mains. Quelle générosité de la part de ces musiciens ! Ils sont géniaux et remercient comme il se doit leurs fans. Un grand moment, assurément.
Bon, maintenant il faut se diriger vers la scène village. Ou pas. Zeus ayant décidé de faire pleuvoir des trombes d’eau sur le Stade, les rivières qui s’étaient creusées dans le village tout à l’heure reprennent de plus belle. Comment l’organisation va-t-elle faire ? Ils ne peuvent pas jouer à l’intérieur, la scène village étant déjà prête. Et puis, on ne va pas aller voir KENNY WAYNE SHERPHERD jouer sous des trombes d’eau ! Tout le monde s’est réfugié sous le chapiteau, bondé comme jamais du coup !
L’organisateur de la soirée prend la parole et nous annonce que la pluie devrait se calmer d’ici 3/4 d’heure. Alors, pour nous faire patienter, il nous annonce que des guitaristes vont venir s’installer sur scène.
C’est AYNSLEY LISTER qui s’y colle. Assis sur un tabouret, il nous joue des reprises de blues. Il est vite rejoint par JOHNNY GALLAGHER et les deux guitaristes s’éclatent à gratter ensemble. C’est super bien joué et on s’éclate à reprendre certains refrains de morceaux archi-connus. Du coup, le temps nous semble moins long.
KENNY WAYNE SHEPHERD BAND
A peine le temps de finir, que les enceintes de la scène village retentissent. C’est sans temps mort que KENNY WAYNE SHEPHERD nous distille son blues avec entrain et envie. Cependant, j’ai l’impression que la prestation a un peu de mal à prendre. Peut-être que le temps aura semblé long malgré les joyeusetés offertes. En plus le public, massif depuis le début de la soirée, déserte de plus en plus le site. Bah, le groupe joue sans s’en soucier.
NOAH HUNT, le chanteur guitariste qui joue depuis 2007 avec KENNY, est un chanteur tout en groove. Sa voix se mêle à merveille avec celle de KENNY, et lorsque ce dernier prend sa guitare, les morceaux s’en trouvent renforcés.
CHRIS LAYTON le batteur qui, avant de rejoindre le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND jouait avec STEVE RAY VAUGHAN – excusez du peu – est un sacré bonhomme. Son jeu est tout en feeling. JOE KROW le clavier a rejoint le groupe au mois de juin mais il donne l’impression d’avoir toujours été là. Quant au bassiste, KEVIN McCORMICK, relégué en fond de scène à côté de CHRIS, il nous sort des sonorités chaudes, au rythme chaloupé.
KENNY WAYNE SHEPHERD BAND
Certains diront que le blues que pratique KENNY est trop léché, qu’il joue trop la perfection, que le groupe n’improvise pas assez, qu’ils font plus le show, etc. Moi, je m’en fous, j’adore ! Plus il y a de show, plus j’apprécie la musique. C’est peut-être mon côté petit hardos qui veut ça. Comment ne pas apprécier des morceaux tels que « Déjà Voodoo » ou « Born With A Broken Heart » ?! On ne peut que s’incliner devant un tel talent. C’est à une interprétation carrée à laquelle nous avons droit ce soir.
Un petit « Voodoo Child » de qui vous savez – JIMMY HENDRIX – est interprété quasi note pour note, guitare derrière la tête. « True lies » nous fait hocher de la tête instantanément. Et quels solos durant « Heat Of The Sun », accompagné par NOAH en guitare acoustique ! Non, décidément, on ne peut remettre en cause le talent de ce magnifique guitariste blond, marié à la fille de MEL GIBSON.
Le show se termine sous les ovations d’un public encore bien présent malgré les petites averses. Il est déjà 1h30 du matin et je n’ai pas la patience d’attendre encore une demi-heure avant le début de KING KING, d’autant plus que la pluie menace toujours. Il est temps pour moi de retourner dans mon antre en écoutant le dernier live d’EXTREME sorti l’an dernier.
Tous les deux ans, la célèbre marque américaine de motos, Harley Davidson investit la station de Morzine pour quatre jours de fêtes, de défilés et de concerts. Ca s’appelle les Harley-Days. Inutile de vous préciser qui est le principal sponsor cette immense manifestation qui rameute des motards venus de la France entière et même de l’étranger pour certains !
Au milieu des belles et rutilantes motos customisées, vous avez plusieurs scènes parsemées dans toute la station de ski. Au milieu, des dizaines et dizaines de stands trônent fièrement le long des rues.
Le plus dur quand vous vous rendez à cette manifestation en voiture est sans contestation possible la difficulté à vous garer. Trouver une place relève de la gageure. Aussi, il faut partir relativement tôt et profiter ainsi d’une journée à la montagne pour déambuler dans le village et profiter des animations. Car oui, je le précise maintenant, tous les concerts sont gratuits ! Même le mur de la mort n’est pas payant… Vous savez l’endroit où des motos roulent sur des murs verticaux. C’est hyper impressionnant et ceux qui font cela n’ont pas froid aux yeux. Respect !!!
Après un spectacle à couper le souffle, direction la petite scène installée au bas du village pour écouter BRICE DELAGE, un groupe de rock-hard et ensuite SOFAI. Elle est déjà passée sur la grande scène il y a deux ans.
JAM NONO / JOHNNY GALLAGHER
Mais l’heure avance et je me dirige lentement mais sûrement vers la grande scène pour être bien placé, car en principe la place est vite noire de monde, bondée même. Après le passage obligé du poste de contrôle et de la fouille corporelle, je découvre JOHNNY GALLAGHER et NONO qui font une jam avec un bassiste et un batteur sur une toute petite scène. Pour une surprise, c’est une surprise !! Nos deux lascars ont l’air de bien s’entendre, ils communient même. Il faut dire que l’année dernière, ils avaient déjà jammés ensemble au festival Guitare en Scène.
Comme ce n’est annoncé nulle part, il n’y a pratiquement personne. Cool pour les photos ! Une corde cassée sur la guitare de NONO va interrompre ce moment magique. Il est déjà 20h30 et JOHNNY GALLAGHER qui doit jouer à 21h n’a toujours pas mangé (je le sais car quand l’ai intercepté pour lui parler, son garde du corps – ou manager ? – me l’a dit). Je me demande ce qu’il se serait passé si cette corde n’avait pas cassé…
JOHNNY GALLAGHER
Notre bonhomme a du mangé à toute vitesse car il arrive sur scène sans avoir de retard. C’est toujours agréable quand les horaires sont respectés, surtout quand ça fait longtemps que vous attendez debout.
Attention, un GALLAGHER (même disparu) peut en cacher un autre ! Il faut croire qu’une bonne partie des guitaristes se nomment GALLAGHER en Irlande ! Après RORY, NOEL d’OASIS, voici venir JOHNNY. Ca fait plusieurs fois que je vois notre irlandais et ce soir il joue avec un groupe qui s’appelle THE BOXTIE BAND. Notez que cette formation compte dans ses rangs ses deux frères JAMES et PAURIC, respectivement à la basse et aux claviers. C’est une vraie réunion de famille à laquelle nous avons droit ce soir ! D’ailleurs son père SEAN joue sur l’album « Johnny & Friends Live »… ainsi qu’une tripotée de GALLAGHER venus d’on ne sait où !!
Notre ami doit avoir une résidence dans le coin car il écume toutes les scènes de la Haute-Savoie depuis un certain temps déjà. La première fois que je l’ai vu c’était plutôt dans un registre rock avec un reprise extraordinaire de « Free bird » de LYNYRD SKYNYRD. Depuis, il a calmé ses velléités rock pour un registre nettement plus blues comme ce soir.
JOHNNY GALLAGHER
Ce colosse aux doigts agiles distille un feeling à chaque note, un vrai régal pour les oreilles averties du public qui reconnait au passage des classiques du rock comme « The house of the rising sun ». Loin de nous ce soir la notion de pénitencier, nous nous éclatons tous sur ce standard.
Aujourd’hui, il va piocher allègrement dans un registre de reprises et vanter régulièrement son dernier album pendant toute la durée du show. Le registre est dans l’ensemble assez bluesy mais pas assez pour effrayer les rétifs du style. Outre ses frères, la particularité du jour est la présence d’un percussionniste en plus du batteur. De ce fait, la rythmique est d’enfer, variée à souhait et laisse ainsi une grande liberté d’expression à la guitare de JOHNNY.
Lui aussi prend du plaisir sur scène, surtout quand on lui amène une bouteille de vin rouge et qu’on lui sert un grand verre de ce breuvage qu’il a vraiment l’air d’apprécier ! A tel point qu’il en redemande un autre. Le public, lui, pendant cet intermède chante à tue-tête le refrain d’une vieille chanson paillarde « Il est des nô-ô-tres…. il a bu son verre comme les au-au-tres ! Bref, il règne sur Morzine une ambiance chaleureuse et festive.
Cette attitude renforce son côté sympathique à des spectateurs français qui ne mégotent pas sur la boisson, lol ! Mais si l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, JOHNNY GALLAGHER, lui, est à consommer jusqu’à plus soif et sans modération, qu’on se le dise !!
PHILIPPE MANOEUVRE
Pendant l’entracte, l’organisateur avec la présence de PHILIPPE MANOEUVRE (le parrain de cette manifestation) remercie la ville et ses sponsors pour l’aide apportée à l’organisation de ce festival.
Je ne vais pas râler pour ces palabres car sans eux, ces quatre jours de fêtes n’existeraient pas ou seraient pour le moins payants. Alors merci et longue vie !
TRUST
Après une prestation pleine de feeling de JOHNNY GALLAGHER, changement radical de registre pour TRUST, les vedettes de la soirée. Pour être franc avec vous et ne pas vous raconter des balivernes, je suis inquiet, très inquiet même avant le début du concert de ce soir.
J’ai eu la chance de voir le groupe au sommet de sa gloire au tout début des 80’s. A l’époque, les salles étaient pleines et la notoriété des musiciens étaient immenses. Depuis de reformation en reformation, la fleur s’est étiolée, puis fanée progressivement. Il y a bien eu des soubresauts comme en 88 avec la reprise d’ »Antisocial » par ANTHRAX mais par la suite la chute a été inévitable. Je passerais sous silence, la tournée avec un DJ que tout le monde désire oublier.
Cette énième reformation sera-t-elle la bonne ? La tournée baptisée « Au nom de la rage Tour » sera-t-elle rédemptrice ? Les minutes qui suivent vont me le dire.
Avec un peu de retard, le concert débute enfin devant un public impatient. Le premier morceau débute à la batterie, tenue par un petit nouveau CHRISTIAN DUPUY et le guitariste rythmique ISMALIA DIOP, lui aussi nouvel arrivant dans la maison TRUST. Surgit des coulisses arrive BERNIE BONVOISIN coiffé de son fameux bob tout en couleurs. On a l’impression de voir un touriste en vacances à la montagne ! Cette coiffure peut surprendre, mais comme je ne suis pas du genre à tirer sur une ambulance, je n’insisterai pas sur ce détail vestimentaire pour me concentrer sur le reste.
TRUST
TRUST
Les premières paroles sont lâchées et je reconnais « L’archange », un titre nouveau. Quand la chanson parle du prolétaire, BERNIE indique de sa main NONO qui fait son apparition sur la scène de Morzine sous les vivats du public. Arrive en bon dernier DAVID JACOB, à la basse. Petit détail, lui aussi surprenant, il joue pieds nus. Maintenant, je comprends mieux pourquoi les roadies ont installé des tapis sur le plancher !
BERNIE recycle le refrain de « Ni dieu ni maître » à la place de « le genou à terre » qui sont en principe les paroles normales. La setlist évolue de soir en soir. Restent des classiques indémodables comme par exemple « L’instinct de mort », un morceau dédié par BERNIE à Adama Traoré, un jeune des banlieues dont la mort reste controversée par sa famille. Il ne faut pas oublier que BERNIE a toujours eu un engagement politique fort et marqué. Il a sans cesse dénoncé certains travers de notre société, en appuyant là où ça fait mal. On aime ou on n’aime pas, mais lui il s’en fiche royalement et il continue son combat. Il ne s’est pas calmé comme certains avec l’âge.
Pendant que défilent les morceaux, un certain nombre de spectateurs autour de moi quittent le devant de la scène pour rentrer chez eux, déçus par la prestation de ce soir.
NONO est toujours un brillant guitariste, pas de souci de ce côté-là. Il est toujours souriant et facile d’accès. IZO DIOP, le deuxième guitariste est hyper calme et ne bouge pas, il est impassible. Visuellement, ce n’est pas le top pour une musique tout de même nerveuse. Mais la principale pierre d’achoppement reste BERNIE. Beaucoup sont nostalgiques et trouvent sa prestation moyenne. Comme me le disait un copain, « la rage est emballée sous vide ». « Antisocial, tu perds ton sang-froid », peut-être mais on peut toujours envisager une transfusion ! Ce que j’écris est certainement trop violent mais cela exprime le sentiment d’une bonne partie du public.
TRUST
TRUST
Demandant l’avis de quelques copains présents dans le public, il en ressort que la prestation de ce soir est supérieure à celle du Hellfest. Mais à mon avis, ils peuvent encore progresser. L’élite est entrée sans prévenir et c’est la fin. Les musiciens quittent la scène en attendant les sempiternels « une autre, une autre ».
Au moment où le rappel va débuter, BERNIE parlemente avec NONO, puis va voir les autres musiciens avant de nous annoncer qu’ils vont jouer un morceau intitulé « F-Haine ». Je vous laisse deviner, de qui il parle ! C’est toujours le côté politique de BERNIE qui l’emporte. Il récite les paroles du refrain en demandant aux spectateurs de les chanter le moment venu. Le morceau à priori non prévu commence et là patatras, après quelques mesures, ils arrêtent de jouer ! NONO nous dit qu’ils ne sont pas dans la bonne tonalité. Depuis le temps que j’arpente les salles de concerts ou les festivals, c’est, je pense, la première fois que je vois un groupe de cette envergure se planter ainsi. Ce n’est pas très pro, pour rester poli !
Sur le fameux refrain qui parle d’une blonde qui surfe sur la vague marine, BERNIE fait plutôt un flop. Seules quelques personnes chantent. Le public de ce soir, très bikers ne l’oublions pas, préférera et de loin s’éclater sur l’indispensable « Antisocial » qui clôture ce concert.
A l’arrivée, je suis dubitatif sur ce que je viens de voir et d’écouter. Pas un mauvais concert, mais pas non plus l’extase comme cela a pu l’être. Comme le disent nos voisins britanniques « Wait and see ». Laissons du temps aux musiciens et espérons un futur album au diapason de nos espérances.
Je déteste ce genre de situation : détester est même un mot faible car aujourd’hui, j’ai prévu d’aller au Warmaudio voir un groupe de stoner speed rock que je n’ai encore jamais vu en live, ZEKE. J’étais super content quand j’avais vu la date et j’étais aux taquets… Mais ça c’était avant que le Hard-Rock Café de Lyon ne programme NEAL BLACK, un des guitaristes chanteur de blues-rock que je n’ai jamais réussi à voir en live !
Du coup, choix cornélien. Du speed rock ou du blues rock ? Mais bien blues quand même ! Bon, ZEKE… j’aurais bien la possibilité de les voir ailleurs à un autre moment. En plus, j’avoue que depuis que j’ai vu un concert au Hard-Rock Café, je n’ai qu’une envie, c’est d’y retourner !
Donc direction Lyon centre et je pense que je ne vais pas regretter mon choix du lieu ce soir car le mercure a allègrement flirté avec les 40 et du coup, je ne sais pas pourquoi, mais la clim’ du Hard-Rock Café risque d’être appréciable !
Un jeudi soir, ça roule à Lyon et j’arrive presque pile poil à l’heure. Eh non, bande de mauvaises langues, je n’arrive pas à la bourre, je dis presque pile poil parce que je suis même (très) légèrement en avance ! Eh oui !
NEAL BLACK AND THE HEALERS
Et là, une surprise m’attend dans la salle, il y a des chaises. Ca plus un public… comment dire ?…. d’un certain âge voire d’un âge certain… (enfin bref, pas le public vestes à patches…), plus un piano sur scène, c’est le signe qu’on va plutôt être dans du blues que dans du blues-rock.
Je n’en reviens pas de voir NEAL BLACK en live car NEAL BLACK c’est vraiment un personnage important dans le monde du blues, au même titre que POPPA CHUBBY, avec qui d’ailleurs il a animé des jam sessions aux Etats-Unis. Jam sessions où se pressaient les musiciens les plus chevronnés. Bizarrement chez nous, il n’a pas la même renommée que ses copains. C’est d’ailleurs encore plus bizarre quand on sait qu’il habite en France depuis quelques années.
Le concert commence et c’est confirmé, on est bel et bien en config‘ assise. Bon allez, ça part quand même sur un morceau qui bouge un peu.
Les musiciens qui accompagnent NEAL BLACK sont tous les trois des musiciens chevronnés qui ont joué avec ce qui se fait de mieux dans le style. Et ça joue ! Enfin, il faut aimer le style qui est vraiment très blues, voire teinté de jazz et de swing mais là, ça passe très bien.
NEAL BLACK AND THE HEALERS
J’adore le jeu de guitare de NEAL BLACK et j’adore sa voix. En plus, il a une vraie présence scénique et un vrai charisme, renforcé par le jeu des autres musiciens. On se croirait dans un bar des Etats-Unis !
Bon, j’avoue que je suis quand même content quand il y a des morceaux qui me font un peu taper du pied. C’est mon côté petit hardos qui ressort.
Sinon NEAL BLACK ne se sert pas du groupe que comme des faire-valoir, il les laisse faire des solos et s’exprimer musicalement.
Je profite d’un solo de piano pour aller voir la température extérieure (d’accord, fumer une clope, mais il ne faut pas le dire !) quand NEAL arrive juste à côté de moi… Tiens, il n’est plus sur scène en train de jouer ? Il profite du solo de piano pour lui aussi prendre l’air.
Du coup, je rentre avec lui pour voir la fin du set. On va avoir droit à un survol de sa grande discographie, et c’est vrai qu’il a l’embarras du choix pour les morceaux !
Euh, j’aurais du dire que je rentrai pour voir la fin du premier set car là c’est la mi-temps. Je peux donc retourner faire un tour dehors, bien qu’on soit largement mieux à l’intérieur.
NEAL BLACK AND THE HEALERS
Bon, la pause ne dure pas trop longtemps. On se ré-installe, mais pas pour longtemps car NEAL BLACK nous dit qu’on peut se lever, s’approcher et bouger. Le tempo des morceaux s’accélère. On va avoir droit à un second set un peu plus blues-rock. I am mega happy car NEAL BLACK qui fait du blues c’est bien mais NEAL BLACK qui fait du blues rock c’est mieux ! Bon, le piano ne s’est pas transformé en orgue Hammond donc on est quand même toujours dans – on va dire – du blues boogy. En plus, il va insérer quelques covers bien sympas dans sa set list.
Perso, je ne vais pas voir le temps passé. On est trop bien et quand il dit que là c’est fini, j’ai presque une petite larme qui coule, sniff. Un peu de tendresse dans ce monde de brutes, ça fait du bien !
Bon je ne vais pas partir comme ça (non, je ne vais pas manger un hamburger !). Je passe au stand merch’ et là surprise, je m’aperçois qu’il a fait beaucoup plus d’albums que je ne le pensais !
Allez, petites photos et je prends congés en espérant le revoir bientôt dans une config’ plus blues-rock. Mais, d’après ce que me dit mon petit doigt, je ne suis pas le seul à espérer le voir retourner au blues rock texan… en espérant qu’il en ait envie !
Il est bien tard mais dehors il fait encore plus de 25 degrés et là j’ai un peu – forcément – le blues… de la clim’ ! En tout cas, même si je regrette d’avoir loupé ZEKE, vu la chaleur extérieure, je ne regrette absolument pas de ne pas avoir été me coller dans l’étuve du Warmaudio !
Lorsque, en mars dernier, avant le concert de DEVON ALLMAN, Arca Blues nous avait annoncé qu’il ferait venir dans notre bonne vieille ville d’Annecy, en ces mêmes lieux, un groupe mythique, nous n’en avions pas cru nos oreilles. Deux concerts de blues-rock sudiste dans l’année ? Tout bonnement incroyable !
Donc ce soir, c’est en direction de l’Arcadium que nous nous dirigeons pour la deuxième fois cette année.
CHRISTOPHE GODIN’S DIRTY BLUES BAND
En première partie, la surprise dans le Kinder, c’est notre ami Christophe GODIN (oui, le guitariste du MORGLBL TRIO et de GNO) qui s’attèle au blues avec un tout nouveau groupe créé pour l’occasion, le CHRISTOPHE GODIN’S DIRTY BLUES BAND (Feat . HENRY SERAFINI). Toujours est-il que le répertoire est essentiellement composé de reprises. Bon, c’est quand même du blues rock, un répertoire inédit pour ces musiciens et ils vont y mettre une grosse touche personnelle !!
D’entrée de jeu, la bonne humeur communicative de CHRISTOPHE nous donne des indications sur leurs motivations. Cependant, il nous fait quelques frayeurs lorsqu’il nous explique qu’ils n’ont eu que deux répétitions avant ce concert étant donné leurs emplois du temps chargés. Mais dès les premières notes jouées, nous sommes tout de suite rassurés, tant le niveau musical est élevé.
C’est qu’il a su bien s’entourer ! Tout d’abord, on retrouve HENRY SERAFINI, autre fine lame de la six cordes, dont le talent n’a d’égal que ses trop rares apparitions scéniques, puis IVAN ROUGNY, le bassiste qui accompagne depuis plus de 20 ans notre copain, et enfin MAXENCE SYBILLE à la batterie (ex-METAL KARTOON, autre groupe de GODIN).
CHRISTOPHE GODIN’S DIRTY BLUES BAND
Des reprises, certes il y en a, mais dès le troisième titre, ils nous annoncent qu’ils ont une compo à eux, composée par HENRI et qui porte le doux nom de « By the River ». Un titre qui aurait très bien pu être écrit par n’importe quel bluesman tellement il groove.
Plus les morceaux défilent, plus une cohésion d’ensemble se fait ressentir. Les musiciens se lâchent et on découvre un tout nouveau groupe prêt à faire du bruit. CHRISTOPHE tout en retenue, fait pleurer sa gratte et démontre qu’il n’est pas qu’un guitariste technique tout en démonstration mais qu’il est capable de jouer de tout. HENRI quant à lui, prend régulièrement le chant et les solos à la place de CHRISTOPHE GODIN et fait preuve d’une grande abnégation par rapport à sa capacité guitaristique. Bref, il laisse tout le plaisir à CHRISTOPHE de faire le show – et le pitre par la même occasion !
CHRISTOPHE GODIN’S DIRTY BLUES BAND
IVAN, sur sa basse à 5 cordes, groove à mort en fond de scène et s’éclate comme ses deux camarades, même s’il semble préférer leur laisser le champ libre pour mieux s’exprimer. Si on devait parler du jeu de MAXENCE, je dirais qu’il rend hommage au blues, reprenant avec sagesse et tout en subtilité les morceaux, sans vouloir en mettre de partout.
Déjà bien un quart d’heure de passé et pas de temps mort. Les titres s’enchaînent comme un train à grande vitesse glissant sur les rails et le temps passe vite. CHRISTOPHE GODIN se fait plus mordant sur « Maybe it’s Time », la reprise de FRANCK MARINO du temps de son MAHOGANY RUSH, et on retrouve le métalleux qui sommeille en lui ce soir.
CHRISTOPHE GODIN’S DIRTY BLUES BAND
Malheureusement, il nous annonce qu’ils arrivent déjà à la fin de leur set. Les premières notes de « Mistreated », la reprise des DEEP PURPLE datant de 1974, retentissent dans l’Arcadium. Les deux guitaristes se font plaisir en se partageant les solos du morceau et le reste du groupe démontre leur goût pour le hard mélangé au blues.
Le temps de remercier le public et le staff, « c’est une Rolls sur scène » nous dit CHRISTOPHE et le groupe quitte la scène. Toujours aussi pince-sans-rire, le voilà qui se met à remercier son ostéo sans qui il n’aurait pu jouer ce soir et nous donne rendez-vous au bar. La salle est évidemment morte de rire. En 20 petites minutes de show, ils laissent leur auditoire hébété par tant de panache. Dommage que c’est été aussi court car on aurait bien voulu en reprendre encore un peu, nous !
ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD
Pendant le changement de plateau et juste avant le début du groupe vedette de ce soir, Arca Blues, l’organisateur, nous rappelle les sempiternelles complications des intermittents du spectacle. Il en profite pour nous annoncer les nouvelles programmations. Le 1er avril avec SARI SCHORR et en novembre, non pas une, mais deux soirées de blues ! Les groupes n’étant pas encore signés, il n’a pas pu nous en dire plus, mais cela promet. Evidemment, il nous incite à faire du bruit et à en parler autour de nous afin qu’un jour, il puisse afficher « Sold Out » sur la porte.
La parenthèse étant posée, retour à la musique avec le ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD. Il paraîtrait que lorsque vous parlez de ce groupe au fin fond d’un club du sud de la Nouvelle Orléans, vous forcez le respect des rednecks du coin. C’est dire si le groupe est encensé là-bas ! Donc c’est tout bon pour nous !
ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD
Cette formation menée par CYRIL NEVILLE qui a traîné ses guêtres chez les METERS et le NEVILLE BROTHERS, est appuyée par l’unique paire de guitaristes BART WALKER (récompensé d’un Best Guitarist Award à l’IBC de Memphis à tout juste 20 ans) et TYRONE VAUGHAN (fils de JIMMIE et neveu du légendaire STEVIE RAY). Ils sont épaulés par YONRICO SCOTT (qui a collaboré avec – excusez du peu – DEREK TRUCKS BAND ou encore RAY CHARLES) à la batterie et DARRELL PHILLIPS (JOHN FOGERTY, WIDESPREAD PANIC) à la basse 6 cordes. Dans tous les Saloons du Mississippi au Maryland, on parle des frères NEVILLE et des frères VAUGHAN, alors imaginez la rencontre entre ces deux grandes familles du blues !
Le groupe vient nous présenter son tout nouveau LP sorti au mois de juin intitulé « The Royal Gospel ». Ils vont nous en jouer plusieurs morceaux ce soir, partageant leur set list avec leur précédent album « Don’t look Back ».
ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD
C’est sur « Reach my Goal », titre de ce LP qu’ils entament un set qui va durer pas loin de deux heures. De suite, nous comprenons que le blues que font ces gars-là, va faire appel à leur riche expérience. Il sera mélangé à du funk, du hard-rock, voire même à du reggae.
Moi, je suis vite conquis par cette musique venue du fin fond des marécages de la Nouvelle Orléans. Quel style ! Quelle maîtrise incroyable de leurs instruments ! Les deux gratteux s’en donnent à cœur joie. BART est un peu plus bluesy que TYRONE, qui, à mon avis, à un héritage plus rockabilly.
Deux titres s’ensuivent avant un superbe « Magic Honey », un titre d’un album de CYRILl, qui nous démontre qu’il est vraiment un grand chanteur, avec son timbre de voix si caractéristique des bluesmen du delta. Il a une façon de murmurer les phrases avec un feeling toujours présent qui remue les tripes.
ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD
Les titres s’ensuivent et ne se ressemblent pas. C’est une rencontre des rythmes agités de la Nouvelle Orléans et de ce que l’on appelle communément le rock sudiste. C’est vraiment excellent.
YONRICO et sa batterie réduite à deux toms – c’est plus facile pour passer la frontière, on paie moins de taxes – emmène le groupe dans une cadence impressionnante.
Qu’il s’agisse de ballades ou de morceaux plus énervés, le ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD fait la part belle à son état du sud, et comme nous le dit régulièrement CYRIL : « We’re the sound from Louisiana, New Orleans ! ».
La passion et le partage sont les maître-mots de cet heureux mélange des genres, et ils nous le font savoir. Le public se met à danser dans la salle, il est tombé sous le charme des membres du combo. Les trois frontmen que sont CYRIL, BART et TYRONE prennent le chant à tour de rôle. CYRIL fait régulièrement appel à ses talents de percussionniste pendant qu’il ne chante pas. Les solos sont partagés entre les deux guitaristes. DARRELL et sa basse 6 cordes nous fait du slapping typique des groupes de funk et de blues, et tout ça avec un grand sourire.
ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD
« Fire on the Mountain », la reprise des GRATEFUL DEAD présente sur leur premier album est jouée ce soir tout en perspicacité. On a du mal à reconnaître le titre tellement il diffère de l’original. Le combo all stars enchaîne les jams, rallongeant de plus belle les morceaux. On frôle quand même parfois le jazz. D’un bout à l’autre, subsiste une certaine nonchalance caractéristique de la moiteur du grand sud des États-Unis. En plein automne, on croirait voir les moustiques tourner autour de nous, tellement le groupe suinte le blues.
Et voici qu’arrive « Favorite Colour », un titre qui ressemble à s’y méprendre à du JAMES BROWN. C’est fou ce que ce morceau aurait pu être interprété par le maître de la soul !
Le groupe déclenche l’euphorie dans le public venu en nombre voir ce groupe de bluesmen black and white, mais voilà, c’est la fin. Le public en redemande et le ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD ne se fait pas prier pour remonter sur scène afin de nous asséner le coup de grâce avec « They don’t make’em like You no More », tiré de leur avant-dernier album. Le groupe nous quitte sur ce titre funky en diable, non sans nous avoir fait auparavant les salutations de rigueur.
ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD
J’ai personnellement beaucoup apprécié la sublime performance musicale du RSB. Certes, ce ne sont pas des métalleux, ni des hardos, mais c’était hyper bien structuré, et même si les morceaux tiraient en rallonge, j’ai pris une bonne claque de blues ! D’ailleurs, j’ai réussi à tuer les moustiques qui me tournaient autour depuis tout à l’heure. Sales bêtes !!!
CONCLUSION
CHRISTOPHE GODIN n’a pas démenti son talent, et en s’associant avec HENRI SERAPHINI il nous a montré une facette qu’on ne lui connaissait guère.
Quant-au ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD, avant même de plaquer un accord, il attire votre attention. On aurait été en droit de penser que la lignée de ses membres leur serait un avantage mais au final, celui-ci ne repose pas sur leur arbre généalogique mais bien sur leur talent, comme j’ai pu le constater. Dans le sud des Etats-Unis où la musique est une religion, deux lignées du blues et du rock‘n’roll ont dépassées toutes les autres et c’est le ROYAL SOUTHERN BROTHERHOOD qui les incarne !
Un grand merci à l’association Arca Blues pour cette superbe soirée ainsi qu’à la Ville d’Annecy et promis, l’année prochaine on remplira l’Arcadium !