Jeudi 27 novembre à Lyon (69)

Report : Ghys P.A. – Photos : Jean-Yves CLUZE
C’est parti pour la soirée et, cette fois, on va soutenir la scène locale comme il se doit. Ce soir, direction le Marché Gare à Confluence pour découvrir un groupe de Rock indépendant qui grimpe : SEND ME LOVE LETTERS. Des « petits jeunes » comme on dit, mais avec déjà cinq ans de carrière, déjà plein de concerts derrière eux, 2 EP bien ficelés et même quelques récompenses nationales pour couronner le tout. Alors on est loin du groupe qui répète encore dans un garage humide. Et le petit twist qui fait plaisir ? Ils sont 100% Lyonnais, tout comme leur boîte de prod, BAAM Productions, elle aussi du coin. La fierté locale dans toute sa splendeur — c’est chouette.
Bon… le vrai défi de la soirée, c’est pas la musique : c’est se garer à Confluence. Trouver une place près du Marché Gare, c’est un peu comme jouer à un escape game version urbain : tu tournes, tu pries, tu espères un miracle. Mais on reste confiants. Après tout, c’est Lyon, c’est vendredi soir… qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?
On se retrouve avec le photographe directement au bar du Marché Gare. Bon, j’ai pas mal tourné mais, j’ai trouvé une place pas trop loin, je suis raisonnablement en retard mais on avait prévu de se retrouver bien en avance. J’aime vraiment cet endroit : le bar est sympa, la salle aussi, simple mais efficace. On se prend un verre tranquille en attendant, il n’y a encore presque personne.
Et puis, sans prévenir, ça commence à arriver de partout. Petit à petit, le bar se remplit et là, surprise : un public de tous âges. Vraiment de tout. Du très jeune au beaucoup moins jeune. Le fameux « de 7 à 77 ans » n’a jamais été aussi vrai. On ne s’attendait pas à voir autant de monde ce soir, mais visiblement eux, oui. SEND ME LOVE LETTERS a clairement son petit succès dans son fief lyonnais. On passera vite sur nos mésaventures pour entrer : un mélange de quiproquos, d’infos pas très claires et de « attendez, on vérifie »… Mais avec un peu de patience et la bonne volonté de tout le monde, on finit par avoir nos places.

On entre enfin dans la salle — déjà bondée. La première partie est bien entamée, assurée par MANTA, que l’on découvre au passage. On se faufile comme on peut, histoire d’attraper une petite place devant pour avoir une chance de prendre quelques bonnes photos et de se mettre dans l’ambiance. Dans ce genre de concerts, la première partie joue rarement devant une salle pleine… donc grosse surprise en entrant : MANTA joue déjà devant un public bien dense. Visiblement, eux aussi sont plutôt connus dans le coin.
Le son est super propre, très pro, et on est clairement sur du Rock Progressif. J’apprendrai plus tard que le groupe vient en fait du Metal et qu’ils tournent depuis déjà dix ans avec plusieurs apparitions au Hellfest. Ça explique la maîtrise.





En tout cas, moi j’aime bien cette petite exploration : c’est planant, ça prend son temps, ça flotte plus que ça ne cogne aujourd’hui, mais ça fonctionne. On se laisse porter sans trop réfléchir. Bon, c’est clairement pas du goût des plus metalleux, on ne citera pas de nom… Avec des titres comme “Messenger” ou “Illumination”, on est plus dans l’introspection que dans le headbang furieux. Mais le public, lui, adhère à fond.
Et franchement, pour une première partie, il faut déjà jouer des coudes pour se faire une petite place — et pour que mon pote puisse prendre ses photos sans capturer que des dos et des mèches de cheveux. L’ambiance est bien lancée.
Pour nous, arrivés en cours de session, la fin de cette première partie arrive assez vite, il ne reste plus qu’à patienter un peu pour profiter pleinement de la suite !

Dans ces petits concerts, l’un des plaisirs, c’est que les musiciens sont aussi les techniciens. Résultat : on découvre déjà SEND ME LOVE LETTERS avant même qu’ils jouent. Ça installe, ça règle, ça débranche, ça rebranche… J’aime bien ces moments-là, un peu en coulisses mais en plein milieu du public.
De notre côté, on ne bouge pas d’un centimètre. Vu comment la salle était déjà blindée pour la première partie, j’imagine même pas ce que ça va donner pour la suite. Donc hors de question de perdre notre place devant. On garde notre petit bout de territoire, coûte que coûte !
Et là, d’un coup, “Can’t Take My Eyes Off You” résonne dans la salle, un des 2 covers que nous auront ce soir. Les lumières s’éteignent, le brouhaha se calme net, et les musiciens montent sur scène, suivis de la chanteuse. Je connaissais déjà sa voix — cette couleur un peu sombre, un peu éraillée, qui rappelle GARBAGE — mais la voir arriver, toute souriante et tranquille, ça ajoute un petit quelque chose.

Elle arrive entourée du guitariste, du bassiste et du batteur. Et même si on pense d’abord à elle comme à la chanteuse du groupe, on comprend vite qu’elle est tout autant guitariste à part entière : sa guitare, elle la garde avec elle toute la soirée, ne la posant que pour en attraper une nouvelle.
Dès les premières secondes, ça se voit : ils sont jeunes, oui, mais ça joue. Vraiment. On sent les années d’expérience derrière eux, les scènes accumulées, la maîtrise qui vient naturellement. C’est du vrai Rock indépendant, celui qu’on n’entend plus si souvent sur la scène française, et franchement… ça fait du bien.

La formation va ensuite s’agrandir sur scène : un clavier fait son apparition — c’est le frère d’un des membres — et, le temps d’une chanson, une autre guitare rejoindra le groupe. Cette fois, c’est la jeune sœur qui vient épauler le son pour une reprise bien surprenante… un morceau de LADY GAGA. Le contraste est étonnant, mais ça fonctionne parfaitement, et ça donne une nouvelle dimension au set.
Les chansons s’enchaînent, et on réalise vite que le groupe est non seulement ultra à l’aise avec ses instruments, mais aussi avec le micro et le public.

D’ailleurs, à un moment, ils font monter trois volontaires sur scène. Les filles pensent qu’elles vont chanter, danser, participer à un truc stylé… et là, twist total : c’est en fait pour faire la promo de leurs goodies. T-shirts, disques, affiches… le tout présenté façon mini-défilé improvisé. Franchement, c’est super drôle et l’ambiance devient encore plus légère.
On apprend au passage que c’est le guitariste qui est le graphiste du groupe, ce qui explique les visuels super chouettes qu’on retrouve sur leur merch’. Et petite info glissée au milieu : ce soir, ils défendent leur 3ᵉ EP. Une étape importante, et on sent qu’ils en sont fiers.






Entre deux morceaux, ils racontent des petites anecdotes, plaisantent, jouent avec la salle. Ils savent créer une vraie connexion, naturelle, presque familiale, et ça donne une dimension encore plus forte à ce Rock chargé d’émotions : de l’amour — évidemment, avec un nom comme SEND ME LOVE LETTERS, on s’y attend — mais aussi de la dépression, du doute, des sujets un peu sombres, racontés avec une intensité qui passe autant par les textes que par l’énergie musicale.
La setlist déroule avec des titres comme « Glastonbury« , « Bride », « Sweet Living”, « The Mask & The Charades”, « Sparkle », « Strange Desire II” (celui-ci, j’adore vraiment !). Toutes les chansons sont en anglais et ça a le son d’un groupe international déjà bien installé mais avec la simplicité d’un petit groupe du coin. Des titres variés, qui prennent encore plus de relief grâce à cette proximité qu’ils installent naturellement avec nous.

Musicalement, on navigue entre Rock énergique et passages plus doux, avec parfois des tonalités à la PORTISHEAD dans la voix — cette petite touche sombre et aérienne qui te cueille par surprise. Et puis quand ça s’emballe, ça envoie un vrai bon Rock, sans chichis.
Le temps file sans qu’on s’en rende compte, tout s’enchaîne naturellement. La reprise de LADY GAGA est étonnante : plus Rock, un peu décalée, et parfaitement intégrée à leur univers. Un clin d’œil d’autant plus sympa qu’elle vient tout juste de passer à Lyon.

Ils vont aussi nous raconter leur grosse frayeur d’avant-concert, incroyable… ou pas d’ailleurs… Le bassiste d’origine s’est fait tirer dessus par un chasseur le week-end précédent. Oui, oui : tirer dessus ! On savait vaguement l’histoire, mais l’entendre de leur bouche, c’est autre chose. Ils expliquent qu’il est à l’hôpital, le genou complètement explosé, mais bien entouré et hors de danger. Une histoire complètement folle.
Et malgré ça, ils ont refusé d’annuler la soirée. Ils ont réussi à trouver un bassiste remplaçant en urgence, qui a appris tout le set en deux jours, avec à peine quelques répétitions. Franchement, respect total : il n’a pas démérité une seule seconde. On aurait pu croire qu’il faisait partie du groupe depuis le début. Une vraie performance, et une belle preuve de leur détermination à être là ce soir avec nous.

Ils sont vraiment à l’aise sur scène, tous autant qu’ils sont. Pas de leader qui aspire toute la lumière, pas d’ego qui déborde : c’est un vrai groupe, soudé, équilibré, où chacun trouve sa place. Et ça, c’est rare. Et franchement très appréciable.
La fin arrive, et ils saluent tous ensemble, comme un seul bloc. On voit tout de suite à leurs visages qu’ils sont émus : la salle est pleine, le public ultra réceptif, et ça les touche vraiment. Il y a ce petit moment suspendu où on sent qu’ils réalisent ce qui est en train de leur arriver.
Au final, une très belle découverte. Un groupe que je vais clairement suivre — parce que si les petits cochons ne les mangent pas… ils ont tout pour aller loin.
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