Vendredi 27 juin 2025 à Manigod (74)

En ce vendredi 27 juin, fête du Sacré-Cœur, quoi de mieux que de se faire un petit festival en pleine nature, au milieu des montagnes de ma Yaute natale ? En plus, le temps est au beau fixe depuis plus de deux semaines et il fait chaud voire très chaud.
Comme chaque année, je retourne voir le NAMASS PAMOUSS FESTIVAL de Manigod – que j’apprécie de plus en plus – histoire d’aller me rafraîchir avec de la bonne musique. Bon, je suis enthousiaste mais quand je pense qu’il va falloir me taper la côte “dré dans l’pentu” pour aller en haut de la Tête de Cabeau pour assister aux différents shows, je suis un peu dans l’expectative.
Comment ? Ils ont décidé, comme l’an passé, de mettre la scène sur le site de Merdassier en bas de la côte ? Trop génial ! Du coup, je suis bien plus motivé.
Report et Photos by SEB 747
Mon binôme habituel pour les reports est malheureusement malade mais heureusement ma femme et ma fille veulent bien m’accompagner. Il faut dire que depuis qu’elles ont découvert STAR RIDER au WinterRock Fest, elles sont devenues fans. Le fait de ne pas avoir de côte infernale à grimper explique aussi peut-être cela.
Pour ce premier jour, les organisateurs ont fait fort. Outre STAR RIDER, le groupe de Heavy Metal grenoblois qui monte, il y a SACRI MONTI, un groupe de Psychedelic Rock Californien (d’Encinitas), EARLY MOODS, eux aussi Californiens (de Los Angeles) qui font dans le Doom / Heavy Metal, ZIG ZAGS, encore un groupe de la Cité des Anges, qui lui est plus Garage Rock Punk avec des petites pointes Speed, et WORMSAND, un trio français venu de Menton qui, lui, fait plus dans le Sludge. Une belle soirée en perspective au pied des montagnes.
Nous arrivons sur place un peu en avance et je me gare à deux pas, comme l’an passé mais sans la pluie battante de l’an passé. Nous en profitons pour admirer les belles montagnes qui s’offrent à nous. On entend au loin les STAR RIDER faire leurs balances. Nous entrons vite dans l’antre de la bête pour voir de plus près et c’est là nous croisons deux membres d’ELECTRIC SHOCK venus soutenir leurs copains. C’est cool.

Un quart d’heure avant l’heure annoncée, STAR RIDER démarre son set en attaquant d’entrée par un « Outta Time » remuant. Le groupe aurait pu se sentir un peu à l’étroit dans une programmation plutôt centrée sur le Stoner et le Psychedelic Rock avec un public pouvant être moins réceptif à leur Heavy des années 80 – « On est des extraterrestres à ce que j’ai compris », nous dira d’ailleurs KIM – mais ils ne se laissent pas abattre et continuent avec « Give me Speed ».
En prenant l’assistance par surprise, avec leur Heavy Metal traditionnel, le groupe se les met immédiatement dans la poche. Plus les titres avancent, plus les spectateurs sont pris dans l’engrenage STAR RIDER. Les titres défilent les uns après les autres « Deal Breaker », « Out the Cave »… Après un « Résistance » qui rend hommage aux maquisards savoyards de la seconde guerre mondiale, morceau qui prend ici une aura toute particulière qu’il n’aurait nulle part ailleurs, les STAR RIDER mettent le feu aux étoiles avec « Burning Star ». Et ce n’est pas le problème de guitare rencontré par CHARLY (obligé de faire à l’ancienne en se branchant avec un câble pendant « Hells Breaks Loose ») qui va les déstabiliser. Ils continuent de faire le show. KIM demande même au public d’encourager le guitariste pendant qu’il se réaccorde.










Le headbanguing de rigueur sur scène, et en cadence s’il vous plaît, fait son effet et conquis les spectateurs qui ne les connaissaient pas.
Après nous avoir emmenés voir les anneaux de Saturne, les STAR RIDER finissent de faire monter l’ambiance avec « Rock Muscle ». Une fois de plus, les STAR RIDER ont fait chauffer le public qui est resté quand même relativement sage.
Je me rappelle qu’au WinterRock Fest je voulais piquer le T-shirt de LIZZY. Cette fois-ci, c’est celui de KIM qui me fait de l’œil. Un DEF LEPPARD Tour de 1981, ça ne court pas les rues. En tout cas, octroyer trois quarts d’heure de set à une première partie dans un festival, c’est vraiment sympa et, à en voir les mines ravies des spectateurs, le groupe s’est octroyé de nouveaux fans.

20h20, SACRI MONTI fait ses balances et dix minutes plus tard, le groupe attaque son set. Ce que j’entends de prime abord, me plait bien. Les premiers titres sont intéressants et moins perchés que sur album. Le clavier apporte un plus à la musique des Américains. Puis les titres suivants devenant trop psychédéliques pour moi, je me retire et j’apprécie de loin.
Les musiciens sont plus que doués et sont très bons techniquement. Le chanteur remercie régulièrement le public en français par des « merci beaucoup ».







Ce qui m’ennuie dans leur musique, c’est un côté trop instrumental qui fait un peu l’effet d’une jam. N’étant pas musicien, ça me fatigue un peu. J’ai l’impression qu’ils ont trop fumé la moquette. C’est peut-être pour ça qu’il n’y a plus d’herbe sur le site ? Je rigole bien-sûr ! En tout cas, ils arrivent à fédérer une bonne partie du public, et c’est le principal.
Une petite scène a été installée à côté de la grosse. Des instruments y sont disponibles pour tous ceux qui veulent pratiquer un peu la musique. C’est sympa.
Une heure et demie plus tard, après le début du set de SACRI MONTI, c’est au tour des Californiens de EARLY MOODS de monter sur scène. Ayant écouté ce qu’ils font sur album, je n’en attends pas plus que ça. J’aime bien, mais ce que j’ai écouté ne m’a pas révolutionné. J’ai donc un une petite appréhension avant le début du set.

Mais, en voyant le nombre de spectateurs agglutinés sous la tente, je me dis qu’il faut quand même jeter un œil. Une voix s’élève « We are EARLY MOODS from Los Angeles, California », nous annonce un chanteur aux cheveux crépus ultra compacts. Et dès les premières notes, je découvre un groupe qui n’est pas venu nous conter fleurette, mais bien pour nous démonter la tête.
Lourde, lente, parfois psychédélique, la musique d’EARLY MOODS vous prend les tripes pour vous les broyer et en faire du petit bois. Avec une voix particulière qui par moments ressemble, à s’y méprendre à celle d’OZZY OSBOURNE, Alberto ALCARAZ, dit Albert, ne tient pas en place. Lunettes de soleil sur les yeux, il arpente la scène de long en large sans s’arrêter tout en se frottant au bord des planches. Edwardo “Eddie” ANDRADE, le fondateur du groupe avec Albert, est plus discret, tout comme Oscar HERNANDEZ le second guitariste et Elix FELICIANO le bassiste. Comment peut-il en être autrement, tellement Albert prend toute la place ?
Cependant, les musiciens, ultras précis headbanguent comme des fous, pendant que Chris FLORES martyrise ses fûts. Avec des titres tels que « Return To Salem’s Gate« , « Live To Suffer » voire le monstrueux “Walpurgis”, le groupe fédère le public toujours à fond. Même les titres les plus calmes ne calment pas les ardeurs des pogoteurs, et autres slameurs. “This is the most incredible crowd we have seen on this tour”, dit Albert.
Le son du groupe fusionne la pesanteur du Doom Metal avec les éléments mélodiques du Heavy Metal. Un peu comme si BLACK SABBATH avait fusionné avec la nouvelle vague du Heavy Metal Britannique (NWOBHM),

Le travail de sape continue avec des titres tels que « Early Moods » de leur premier album éponyme ou “A Sinner’s Past” avec son chant hanté, ses riffs mêlés d’occultisme et ses leads malaisants. EARLY MOODS ne se contente pas de jouer du Rock n’Roll : il le vit, le respire et le fait exploser dans les baffles avec une force tonitruante et sans complexe.
C’est la première fois qu’ils viennent en France, nous dira Albert en prenant la parole une nouvelle fois. Il communique énormément avec le public et n’hésite pas à le solliciter aux moments opportuns. Puis voilà qu’Oscar s’avance vers le micro et annonce : « Ce soir, c’est son anniversaire », dit-il en regardant le chanteur. « Vous croyez qu’il a dix ans, il en a 31 », plaisante-t-il. Le public entame un “Happy Birthday” qui fait plaisir à Albert. Il en profite pour se faire un petit crowd-surfing pendant bien cinq minutes, soutenu par tout le public du NAMASS PAMOUSS.
Après cette petite promenade humaine, le chanteur revient sur scène sous les regards hilares de ses coéquipiers. Évidemment, ils ne peuvent pas nous quitter comme ça. « One More song ? », demande Albert. « You Want one more ? This one call « Spellboud » ». Sur cette conclusion, le public se lâche et un repli stratégique s’impose.
Ouah, mais quelle baffe nous venons de prendre ! Même ma femme et ma fille qui ne sont pas fan du style ont adoré. Quelle énergie déployée. A en voir la mine ahurie de nombreux spectateurs, elles ne sont pas les seules.

En attendant que les ZIG ZAGS montent sur scène, la nuit tombe et le soleil se couche. La température a baissé d’un coup et il commence à faire frais, voire froid. Heureusement qu’il y a le traditionnel feu qui permet de se réchauffer avant le prochain groupe. Je vois les membres de STAR RIDER féliciter les EARLY MOODS pour leur prestation et papoter en attendant les autres Californiens.
Pendant ce temps-là, la petite scène de jam continue de découvrir des musiciens qui viennent avec plus ou moins de talent jouer des reprises.
Sous la tente, il y a de l’agitation. ZIG ZAGS ne va pas tarder. Et en effet, après un petit riff bien senti, une voix s’élève « Finally ZIG ZAGS is back in France ! ». C’est celle de Jed MAHEU, le leader des Californiens qui, guitare en mains, démarre son set avec “The Fog” tiré de leur tout premier album. Accompagné de Sean HOFFMAN à la basse et de Jeff MURRAY (ex-THE SHRINES) à la batterie, Jed, met de suite le feu avec son Garage Thrash accrocheur. Là aussi, on sent que le trio n’est pas venu à Manigod pour enfiler des perles.




Jeff, casquette à l’envers, explose ses fûts et impulse une énergie dynamique chargée d’adrénaline à tous les morceaux. Il en fait bien plus avec son petit kit que beaucoup de batteurs de Thrash ne le font avec leurs massives configurations. Sean, lui, joue sans pics, tout avec les doigts et n’arrête pas de bouger dans tous les sens sur des rythmes endiablés et une atmosphère intense, renforçant le potentiel groovy du groupe.
Mais celui qui insuffle la puissance et le tonus au groupe est bien le leader, Jed, qui éructe ses morceaux face au micro et harangue le public. “Deadbeat at Dawn”, sorti tout droit de leur récent album continue de faire bouger le public de Manigod. Les pogos et stage diving sont de retour et impressionnent aussi le chanteur par leur intensité. La communion entre les musiciens et le public est palpable. Il fait chaud sous la tente et Jed et Sean enlèvent les T-shirts laissant apparaître certains excès accumulés au fil des ans avant de propulser “Killer of Killers” à la face des spectateurs.

C’est déjà le troisième titre et l’intensité est toujours à son comble. Rien qu’à voir le monde devant la scène, on se rend compte que les ZIG ZAGS ont de nombreux fans, dont quasiment tous les membres de EARLY MOODS qui se sont mélangés au public devant la scène.
“Cela fait six ans que nous ne sommes pas venus en France, ça fait plaisir d’être de retour”, annonce le guitariste toujours aussi énergique. Devant les planches, les crowdsurfing, les pogos, et même un circle-pit, sont déclenchés quasiment à chaque morceau. C’est de la folie.
Evidemment, il est plus prudent de se mettre en retrait tout en continuant d’observer la prestation des Californiens. Je ne suis pas le seul d’ailleurs, puisqu’un certain nombre de photographes se mettent aussi sur les côtés.







Avec “Why I Carry a Knife”, “No Way Out”, ou “Braindead”, les Californiens démontent tout sur leur passage. Ils combinent à nouveau le Thrash du début des années 80 avec l’attitude Punk et Rock n’Roll de MOTORHEAD, le tout emballé dans du Garage Rock de haute volée. Une chose est sûre, ils savent ce qu’ils veulent et comment ils sonnent.
Le set défile à une telle vitesse qu’on n’a pas le temps de se rendre compte que c’est déjà la fin. “We are ZIG ZAGS from Los Angeles, merci !”, nous dit Jed à la fin de son set avant de quitter la scène en serrant les mains des spectateurs les plus proches.
Cinq minutes à peine terminées, nous retrouvons Jed à son stand de merch’ en train de discuter avec les fans et les membres d’EARLY MOODS. Les autres membres ne feront pas d’apparition, dommage.

En attendant que les Mentonnais commencent leur set, il y a de l’agitation sous la petite scène. En effet, tous les membres d’EARLY MOODS et Jed se lancent dans une jam complètement improvisée ! Albert tient la basse, Elix la guitare, Oscar la batterie, pendant qu’Eduardo et Chris prennent le micro avec Jed. Ils sont hilares et s’éclatent même s’ils ne chantent pas forcément juste et tout le monde s’amuse.
Il est 1h du matin lorsque WORMSAND s’apprête à commencer son set J’écoute de loin et c’est étrangement intéressant même s’il y a des grosses voix. Musicalement, ça joue fort et bien. C’est très professionnel avec une musique bien lourde et lente, avec parfois des growls venus de nulle-part. Le public ne semble pas fatigué et continue les pogos et les stage diving.
Comme cela devient assez inaccessible et plus ou moins dangereux pour mes pénates, je me retire du devant de la scène. Il fait de plus en plus froid avec un petit 12° des familles.


Ayant pas mal de route à faire pour le retour, dans des routes de campagne aux virages serrés aux abords de ravins profonds, je préfère rentrer tout doucement. En plus, je reviens demain. Alors que nous descendons, en pleine nuit sans lumière à part celle de la voiture (nous sommes en montagne), nous croisons une belette qui semble se demander ce que peuvent bien faire les gens à cette heure si tardive. Un peu plus bas, un blaireau au bord de la route semble pressé de rentrer dans son terrier. Comme quoi nous ne sommes pas les seuls à vouloir rentrer. Allez, il est l’heure d’aller se reposer, demain s’annonce être une dure journée.
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