Mercredi 11 juin 2025 à Villeurbanne (69)

Ce soir, direction le Transbordeur à Villeurbanne pour une nouvelle découverte musicale. Au programme : SAMANTHA FISH. Un nom qui ne m’était pas totalement inconnu, mais que je classais un peu au hasard entre Country, Rock et Blues. Dans quel ordre, ça reste encore à définir.
Report : Ghys P.A. – Photos : Jean-Yves CLUZE
Je ne sais pas trop où je mets les pieds, mais justement, c’est ce qui me plaît. Un bon moyen de secouer un peu mes habitudes musicales.
Il y a deux semaines, en plaisantant, j’ai lâché que je viendrais habillée en mode Country. Erreur de débutant : évidemment, on me l’a rappelé. Impossible de me défiler, donc j’ai joué le jeu à fond (ou presque). Me voilà donc en jean simili cuir, chemise à carreaux, bandana autour du cou et bottines à chaînette. Autant dire que je ne passe pas inaperçue. J’ai fait de mon mieux – l’essentiel, c’est d’y croire !
Je retrouve Jean-Yves, le pote photographe, directement devant la salle. Il a le sourire en me voyant débarquer avec mon look de cow-girl des temps modernes. On échange quelques blagues, on check le matos, et c’est parti pour une soirée qui s’annonce aussi stylée que mon bandana.
Ce soir, ce n’est pas dans la grande salle du Transbo que ça se passe, mais au Club Transbo, juste à côté du bar. Une première pour moi ! Je connais bien l’endroit, mais je n’avais encore jamais assisté à un concert dans cette salle plus intimiste. Et franchement, c’est une belle découverte même si on dirait qu’il fait jour tout le temps à l’étage.
Le concert est affiché complet, et quand on entre, on sent direct que l’ambiance va être chaleureuse. Le devant de la scène est déjà occupé mais on est bien placés quand même : photos oblige. La salle s’organise naturellement autour de petits niveaux, avec des escaliers et un balcon qui offrent une vraie diversité de points de vue. Et puis soyons honnêtes : être à deux pas du bar, pour une soirée placée sous le signe du Rock, du Blues et d’un soupçon d’Amérique profonde, c’est plutôt raccord. Une bière à la main, une chemise à carreaux sur le dos, et on est parfaitement dans le ton. Il ne manque plus qu’une Harley pour le décor complet.

La première partie ? Inconnue au bataillon pour moi. Et avec un nom pareil – ELECTRIC JAGUAR BABY – difficile de deviner ce qui m’attend. Psyché ? Garage ? Electro jungle ? Franchement, tout est possible. On est bien calés juste devant la petite scène, alors quoi qu’il arrive, ça va être en stéréo dans les tympans.
À 20h pile comme prévu, les lumières baissent et les deux gars débarquent. Première claque : les tenues de scène ! Chemises léopard (ou jaguar ?), vestes stylées, tennis blanches… Un look décalé, rétro à souhait, qui accroche l’œil mais ne donne toujours aucune indication claire sur la musique. Et moi, j’adore ce genre de mystère. Le duo s’installe : un guitariste-chanteur d’un côté, un batteur-chanteur de l’autre – configuration pas si courante, et qui annonce souvent un gros son bien brut. Pas de basse, pas de fioritures. Juste les bases. Et quand la gratte s’enclenche… boum. Le ton est donné.



Ça gronde, ça crache, ça vibre. L’ampli rugit et on sent direct qu’on ne va pas être dans la dentelle. et comme ils le disent eux-mêmes, ça va « appuyer sur sa pédale Fuzz-Overdrive-Mega-Boost réglée à 11 » !
Musicalement, pour moi, c’est un peu brouillon, surtout à cause de l’abus de gros son. Le genre de mur sonore qui te retourne le crâne mais qui noie un peu les nuances. Cela dit, ils maîtrisent clairement leurs instruments et ils balancent une énergie de dingue. Rien à dire là-dessus : ça joue fort, ça joue vite, et ça vit chaque note.



J’apprends qu’ils tournent en Europe depuis un moment déjà, et qu’un troisième album sortira en septembre, pile après avoir fêté les 10 ans du groupe. Et c’est vrai que cette expérience de la scène, on la sent bien. Tout est assumé, tout est poussé à fond, et leur énergie est communicative, même pour ceux qui, comme moi, ne sont pas ultra fans du style.
Au milieu de leurs compos sur vitaminées, on reconnaît une reprise de HENDRIX, bien retravaillée à leur sauce. Pas une copie, pas un hommage sage : une version bien sale, bien rêche, bien ELECTRIC JAGUAR BABY. Le tout dans un mélange de Fuzz, de Stoner et de Garage, un cocktail qui remue bien les tripes.

Ça se termine comme ça a commencé : avec un gros riff bien gras qui vibre jusque dans les côtes. Le public répond bien, l’ambiance est là, même si la salle semble un peu partagée. De notre côté, on n’a plus d’oreilles et comme l’éclairage est aussi un peu brut de décoffrage, les yeux ont bien dérouillés aussi. Note à moi-même : penser aux bouchons d’oreilles la prochaine fois… et au Doliprane. Un peu de prévention, ça ne fait jamais de mal. Malgré tout, les mecs sont cool, et franchement, même si tout le monde n’a pas adhéré, on sent que certains ont grave kiffé.
Petite pause qui fait du bien pour reposer le cœur qui s’est pris un max de vibrations et retrouver l’ouïe. On ne bouge pas car avec cette salle bondée, on ne retrouverait pas notre place.

Une petite demi-heure s’écoule, le temps que l’équipe technique installe le matos pour la suite. Moi, je trépigne un peu. SAMANTHA FISH, je ne la connais que par quelques vidéos, mais tout le monde s’accorde à dire qu’en live, elle envoie du lourd. Et même si ce n’est pas exactement mon style musical habituel, j’ai vraiment hâte de la découvrir sur scène.
Et voilà, ça commence ! Elle débarque… Et première impression : elle est mimi, souriante, à l’aise. Et surtout, elle aussi a opté pour du léopard ! Bon, là je réalise que j’ai complètement foiré le dress code du soir. On a certes le même pantalon (un point pour moi), mais j’ai zappé la panoplie « peau d’animal ». Tant pis, ça fera une anecdote de plus.



Dès les premières notes, le ton est donné : on est clairement sur une base Blues, ambiance feutrée, intro tranquille. Et pas de doute, la star ce soir, c’est elle. Une grande banderole avec son prénom trône fièrement derrière elle, pendant que ses musiciens – clavier, basse, batterie – restent quasi dans le noir. Autant dire que pour Jean-Yves, c’est pas gagné pour avoir des photos correctes des membres du groupe. Mais bon, le focus est assumé : le show porte son nom, et c’est elle qu’on est venus voir.
Pour l’instant, c’est plutôt calme, presque posé. Et comme le Blues, ce n’est pas trop mon univers, je me dis que ça va peut-être rester sage toute la soirée… Mais ce que je ne sais pas encore, c’est qu’elle va bientôt nous mettre une vraie claque.

Les trois premières chansons viennent de passer, celles pendant lesquelles les photographes sont autorisés à shooter. Jean-Yves range son matos, on se regarde et on comprend sans se parler : on va migrer tranquillement vers le bar, sur le côté de la salle, avec une bonne pinte en main. De toute façon, l’ambiance est posée, alors autant attendre que ça monte.
On se fraie un passage entre les spectateurs déjà bien installés. « T’es sûre ? On ne pourra plus revenir avec tout ce monde. » « Oui, t’inquiète. » Spoiler : il n’avait pas tort. Mais franchement, on n’était pas prêts pour la suite.



Le miracle commence là, pendant qu’on trinque, un peu en retrait. Devant nous, ça s’agite. Les gens dansent, bougent, ça chante même. Sur scène aussi, un truc est en train de se réveiller. La tension monte. Et d’un coup, on se regarde avec Jean-Yves : “Attends, il se passe un truc là, non ?” Clairement oui.
Sa guitare – qu’elle change presque à chaque morceau grâce à son assistant tatoué et tressé – est une véritable extension de sa main, un prolongement d’elle-même, de son énergie, de sa rage, de son groove. Cette petite nana, toute mimi, tout en style et en présence, déchire littéralement tout sur ses solos. Et ce n’est pas juste joli. C’est fort, c’est brut, c’est habité.

Elle n’a pas seulement une voix de dingue, capable de grimper, de descendre, de glisser, de râper selon l’humeur du Blues Rock qu’elle façonne. Elle a cet instrument, cette guitare qu’elle maîtrise à un niveau qui laisse bouche bée. Et là, pour moi, les mots “girl power” prennent tout leur sens. Parce que cette fille-là, elle te fait oublier tous les clichés du Rock au masculin. Elle écrase n’importe quel mec, sans effort, juste avec sept notes et un feeling de l’espace.
Elle me touche. Elle touche tout le monde. On est tous suspendus à ses cordes. Vocales, bien sûr… mais surtout instrumentales.

Je ne vais pas vous faire la liste des titres, parce que j’ai vite arrêté d’essayer de suivre et de toute façon, je ne les connais pas. Je me suis laissée emporter. Par le son, l’énergie, par cette Amérique rugueuse, chaude, électrique, celle des bars Blues crasseux et des scènes Rock vibrantes. La salle est petite, oui, mais je ne crois pas qu’il y ait eu une seule personne qui ne se soit pas laissée happer. Tout le monde savait. Enfin… sauf nous.
Mais voilà, toute bonne chose a une fin. Le set s’arrête sur des remerciements, quelques petites phrases en anglais bien du Sud, avec ce charme à l’américaine qu’on adore. Elle nous dit qu’elle nous aime, qu’elle est ravie, et franchement, le public aussi. Evidemment qu’on ne bouge pas. Evidemment qu’on ne croit pas une seule seconde que c’est fini. Alors ça crie, ça siffle, ça tape dans les mains, la salle vibre encore d’énergie. Et évidemment, elle revient. Un dernier morceau, une dernière montée en puissance, une dernière décharge de guitare et de voix chaude. La salle se chauffe une ultime fois.

Puis là, c’est bien la fin. Les applaudissements sont sincères, intenses, nourris. On sent la gratitude, l’admiration, la claque qu’on vient de se prendre. Elle salue, sourit, ils remercient à nouveau et les lumières se rallument doucement. On finit nos bières en silence, les dernières notes résonnent encore et on attend que la foule se vide, que l’euphorie redescende. On prend alors tranquillement le chemin de la sortie.
Je ne vais pas vous mentir : je ne vais pas me mettre à acheter toute sa discographie ni à passer mes soirées à écouter du Blues… Mais waouh, le show était bien plus fort que je ne m’y attendais ! Belle soirée, belle découverte et belle énergie. Alors si un jour vous voyez passer SAMANTHA FISH en concert : foncez. C’est d’la balle.
Un grand merci à ELDORADO !
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